디드로의 큰 사람 - 천재와 기인

Abstract

Nous voudrions montrer la signification du ge´nie et de l`original dans les oeuvres de Diderot, la difference entre le ge´nie et l`original et le rapport entre ces a^mes fortes et ce "poe｀te de l`e´nergie". Les grandes passions qui constituent l`e´nergie de la nature sont indispensables en morale comme en a r t pour atteindre au sublime. Mais seul le ge´nie est capable d`y toucher par sa nature et liberte´ de l`imagination au plan esthetique et par des sacrifices ou des actions he´roi‥ ques au plan e´thique. C`est cet essentiel qui assure l`e´ternite´ de la beaute´ lequel distingue le ge´nie de l`original. Rameau en te´moigne au plan esthetique. Au plan e´thique, comme celui du ge´nie, la morale des originaux qui vit l`ordre nature1 au sens diderotien sont bien le rebours de la morale usuelle. D`ou｀ leur malheur. Cependant aux yeux de Diderot, ils sont des e^tres utiles a｀ la socie´te´. C`est au nom de "l`originalite´" que Moi, dans le prologue du Neveu. justifie son attirance pour ces personnages "singuliers", "extraordinaires". Car leur spontane´ite´ bouscule les pre´juge´s, les conventions et les re｀gles du jeu social. Ils ont, pour Diderot, leur prix, leur valeur en eux-me^mes. C`est, du reste, une sympathie que Diderot attribue, pour une part, a｀ un de´sir d`identification personnelle, puisqu`il avoue dans l`Essai sur les re｀gnes de Claude et de Ne´ron et dans des termes qui rappellent Le Neveu de Rameau, qu`il se range lui-me^me dans la classe des originaux. De´senchante´ de la socie´te´ ou｀ il vit et ou｀ "le vice qui re´ussit est souvent applaudi, et la vertu qui e´choue presque toujours ridicule", il a me´dite´ le chemin d`une ve´rite´ morale qui puisse autoriser la liberte´ d`action d`un grand homme. Diderot s`en est explique´, a｀ partir de l`exemple de Socrate, dans la Re´futation d`Helve´tius. Mais ce philosophe sait que l`homme a besoin d`ordre et doit respecter la loi, me^me mauvaise. Sachant que son espoir d`identification avec son mode｀le de vertu s`estompe progressivement. Diderot a choisi un autre mode｀le de sage auquel s`identifier. C`est Se´ne｀que, le philosophe romain chez qui l`Epicurisme et le Stoi¨cisme sont bien doses. Telle est sa que^te d`une philosophie du bonheur inspire´e de la sagesse e´quilibre´e de Se´ne｀que qui concilie le plaisir naturel de l`individu avec l`utilite´ sociale dans la joie de faire ou voir faire une belle action. Diderot n`a pas voulu e^tre anarchiste. Mais il a voulu que l`energie des grands hommes serait bien canalise´e pour la re´forme de l`ordre subsistant s`il est mauvais. Ce sont ces deux points de vue sur une me^me re´alite´(la fragilite´ de l`ordre social) qui forment la ligne de partage entre le devoir du sage et celui du peuple : "le Philosophe doit porter sa critique de l`ordre social aussi loin qu`elle peut aller, et doit pouvoir le faire sans entraves ; mais toute socie´te´ pour survivre a besoin d`ordre, et un bon citoyen doit respecter cet ordre, quoi qu`il lui en cou^te, e´crivent, a｀ juste titre, les e´diteurs actuels des Contes de Diderot. C`est la｀ le re´alisme de Diderot.